L'entrée dans la grande vieillesse: paroles de vieux
Au cours des travaux du CIG, on a essayé de définir et de caractériser les dernières étapes du parcours de vie ainsi que les modalités d'entrée dans la grande vieillesse. Ayant montré les limites d'une classification basée sur l'âge chronologique ou le degré de dépendance, on a proposé de recourir à la notion de fragilité.
Dans cette communication, nous analyserons la manière dont des personnes âgées de 85 à 93 ans perçoivent leur entrée dans la vieillesse. L'information a été récoltée dans le cadre d'entretiens semi-directifs menés en 2004-05, à Genève et en Valais central, auprès de 35 participants à l'étude SWILSOO (Swiss Interdisciplinary Longitudinal Study on the Oldest Old, directeur Prof. Lalive d'Epinay).
Au-delà de traits communs à l'ensemble des entretiens – non-pertinence de l'âge chronologique, définition négative de la vieillesse en général, ambivalence du positionnement de soi –, trois types de discours se dégagent de notre corpus. Un premier groupe d'individus ne se conçoit pas comme étant vieux; un deuxième groupe rattache son entrée dans la vieillesse à un événement spécifique; enfin, un dernier groupe évoque une évolution graduelle sans être en mesure de relier cette transition à un événement précis. Les problèmes de santé jouent un rôle prépondérant dans la conscience du passage à la grande vieillesse, mais d'autres éléments, par exemple le regard d'autrui ou la perte de rôles sociaux, peuvent également intervenir.
Stefano Cavalli, Karine Henchoz
Centre interfacultaire de gérontologie
Université de Genève