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Le divorce, facteur de pauvreté féminine

Le divorce est un événement familial pour le moins banal à une époque où l’on évalue que 44% des mariages en Suisse sont dissous. Néanmoins, il s’agit d’un facteur de précarité économique pour les personnes concernées dont les conséquences sont généralement plus sévères pour les femmes que pour les hommes. Cette situation est préoccupante si l’on sait que les familles monoparentales constituent le principal déterminant de la pauvreté infantile en Suisse. Étant donné que tout ce qui peut se passer durant les premières années de vie d’un individu joue un rôle crucial dans sa biographie future, ses chances de succès comme ses risques d’échec, les conséquences économiques du divorce peuvent avoir des effets de long terme particulièrement négatifs.

La situation des personnes divorcées, particulièrement celle des femmes, permet d’illustrer diverses difficultés auxquelles font face les individus dans la société suisse. En effet, des processus économiques défavorables déploient pleinement leur effet suite à un divorce. Parmi ceux-ci, on peut mentionner un coût de la vie élevé, la difficulté de concilier vie familiale et vie professionnelle, l’insuffisance de la formation de base et continue. Les personnes divorcées accumulent souvent ces désavantages et font alors face à un plus grand risque de pauvreté. Ces difficultés sont souvent accentuées par un système d’aide sociale inadapté.

L’exposé se composera de trois parties distinctes. La première établira les liens existant entre la structure familiale et la pauvreté, aussi bien celle touchant les personnes actives («working poor») que la pauvreté infantile. Dans un deuxième temps, nous décrirons les processus expliquant le rôle joué par le divorce sur la situation économique des personnes. Finalement, nous aborderons les réformes économiques possibles afin de remédier à cette situation.

Jean-Marc Falter
Département d'économie politique
Université de Genève