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Autorités parentales et inégalités scolaire

L’exercice de l’autorité, dans les familles et à l’école, a subi de profondes transformations depuis une trentaine d’années. Un nouveau modèle a émergé progressivement, en remplaçant un ancien modèle basé sur le statut des personnes, l’ordre et l’inculcation, l’exécution et le contrôle. Le nouveau modèle, dont les frontières sont encore floues, est fondé sur les compétences des personnes, la fixation d’objectifs et la participation, la performance et l’évaluation.

Le nouveau modèle de l’autorité est construit de façon multiple et contradictoire. D’un côté, nombre d’études l’encourage en montrant ses bénéfices pour le développement cognitif et affectif, la protection des minorités, des enfants en particulier, la tolérance des différences interindividuelles et interculturelles et la participation citoyenne. De l’autre, le modèle est accusé de créer de nouveaux problèmes dans les mêmes domaines: instabilité du développement cognitif et affectif, difficultés d’intégration des minorités, anxiété sociale face à la multiplicité des modèles, ou standardisation passive des comportements. De nombreux adultes émettent des doutes sur la manière d’exercer leur autorité, en particulier sur l’efficacité de l’usage de l’induction plutôt que la coercition. Les réactions violentes des adolescents et un sentiment diffus de désordre et d’échec alimentent un débat nourri sur les nouvelles formes de l’autorité.

Notre principal objectif est de caractériser les formes de l’exercice de l’autorité des mères et des pères, et leur impact sur les réactions des enfants des deux sexes. Plus spécifiquement, notre projet vise à définir quelles décisions sont imposées, discutées et déléguées, et comment différentes formes de l’autorité interviennent dans les performances scolaires et facilitent les relations entre générations et entre pairs. Dans cette perspective, nous présentons quelques résultats d’une étude conduite auprès de plus de 500 adolescents et 150 parents en Suisse romande.

Alain Clémence
Faculté des sciences sociales et politiques
Université de Lausanne